
Transmission de mythe, de connaissance ou de savoir d’une génération à l’autre
La transmission, évoquée dans le dossier de ce trimestre, repose in fine la question de l’héritage. On peut hériter d’un château même en Espagne, ou d’une dette abyssale, ou d’un patrimoine – suivant options – à préserver ou à gérer… On peut aussi hériter, banalement, du vide ou du plein, d’une béance infinie que l’absence ne comblera plus jamais, ou d’une myriade de souvenirs qui étayent une vie bien plus que quelques certitudes.
SOMMAIRE
LE DOSSIER DU TRIMESTRE
Va, vis et deviens !
Les chemins de la transmission
Patrick Korpès (dir.)
Présentation
Contributeurs :
– Michel Hugli, éducateur spécialisé, Lavigny (Suisse) : michelhugli@citycable.ch,
– Patrick Korpès, éducateur spécialisé, « Home chez nous », Lausanne : p.korpes@homecheznous.ch,
– Jean Ferreux, éditeur, Paris : jferreux@teraedre.fr,
– Martine Lani-Bayle, Professeur en Sciences de l’éducation, Université de Nantes : www.lanibayle.com,
– Thierry Goguel d’Allondans, éducateur spécialisé, anthropologue, Strasbourg : thigodal@noos.fr,
– Joël Konan, éducateur spécialisé, Lausanne : joel@jkskonan.ch .
Ce dossier est constitué des principales contributions d’une journée d’études intitulée
« Destins croisés » et organisée, le 12 mars 2010, par deux institutions suisses d’éducation
spécialisée (« Home Chez Nous » et « Lavigny »). Des éducateurs s’interrogeaient, là, sur la
question de la transmission, au plus près de l’accompagnement éducatif, du « cheminer et
partager ».
Pour ces actes (d’une recherche forcément permanente), Michel Hugli ouvre le bal et
nous rend attentifs à la fois à l’improbable et l’imprévisible de la relation éducative, mais
également à l’inventivité de l’éducateur spécialisé digne de ce nom, à sa créativité et – au-delà
de la seule intuition que permet parfois l’expérience et la connaissance – au nécessaire bricolage, au collage des bris. Patrick Korpès, par mille et un détours littéraires et
philosophiques, nous rappelle que la ligne droite n’est pas forcément le plus court chemin
pour interroger nos humanités ou nos inhumanités. Jean Ferreux, à la croisée des chemins,
nous offre un beau témoignage sur les instituteurs, les maîtres de son enfance dont on oserait
dire qu’ils sont « d’un autre temps », quoi que… Martine Lani-Bayle n’est, elle, pas
éducatrice, au regard d’un statut professionnel, mais elle s’appuie sur une clinique solide et
sur ses nombreux travaux tant sur la famille et ses arcanes que sur les histoires de vie ; elle y
décèle les méandres des dits et des non-dits. Thierry Goguel d’Allondans convoque les
traditions pour interroger les espaces de la modernité, ce qui permet d’y trouver place et d’y
faire lien. Où sont aujourd’hui les maîtres d’initiation, les « gardiens du seuil » ? À travers les
rites, se (re)jouent des enjeux distincts pour l’individu en devenir et pour le collectif auquel,
bon an mal an, il s’affilie. Joël Konan poursuit et conclue cette réflexion, et ce dossier, en
nous offrant son témoignage d’une bi culturalité (ivoirienne et française) et de l’intérêt qu’elle
présente tant dans son travail d’éducateur spécialisé que dans sa recherche universitaire.